jeudi 29 novembre 2012

Parquets de Nice (et sa région)

On distingue deux principales familles de bois utilisées dans les parquets de Nice et ses environs:
Les résineux (pin, méleze, et surtout pitchpin), ainsi que les feuillus (essentiellement, voire exclusivement du chêne et du hetre), agrémentés à l'occasion de frises et parements en bois colorés brun-rouge (acajou ou sappelli).
Chaque essence a connu son heure de gloire, en fonction du style architectural et de son époque de mise en oeuvre.

La premiere époque du parquet niçois date de la fin du XIXeme, il est alors utilisé dans de tres belles constructions d'inspiration victorienne ( Régina à Nice ou l'hotel particulier Menier à Cannes).
C'est l'âge d'or du pitchpin, résineux au fil droit, rougeoyant, et à la couleur brune orangée une fois verni.
La logistique n'étant pas aussi performante et efficiente qu'aujourd'hui, les produits utilisés étaient essentiellement locaux.
Ce parquet était généralement posé à l'anglaise, cloué sur lambourdes.
Il est à noter que dans certaines constructions de prestige, comme le Régina, il pouvait à la fois être cloué et reposer sur un lit de gravette recouvert d'un feutre bituminé, avec des variantes de pose de type bâton rompu.

Vient ensuite la période Belle Epoque, et l'utilisation de plus en plus fréquente du chêne, toujours en massif, d'épaisseur généreuse (environ 27mm), et toujours cloué sur lambourdes.
Il est à noter que le Majestic, à Cimiez, datant de 1900, peut être considéré comme une batisse de transition entre le style victorien et le style belle époque, empruntant à l'un ses hauteurs sous plafond majestueuses, ses volumes grandioses, ses moulures spécifiques, et à l'autre sa propension à utiliser l'acier et le verre en parement de façade.
C'est le règne du parquet chêne ciré, des patins, de la paille de fer, de l'odeur d'encaustique.


Les années 30 voient apparaître le style art-déco, le chêne est toujours l'essence reine, les poses se diversifient, en bâton rompu, en Provence (panneaux de chêne avec cabochons, frises en acajou ou en sappelli), en point de Hongrie, résultante de l'influence parallèle du style Hausmanien.
Les poses se font alors aussi flottantes sur lit de sable ou gravette, recouvert de feutre bituminé.

Les années 40-50 sont marquées par le développement du hêtre  souvent posé en bâton rompu, nos amis italiens, très présents dans notre ville étant très attachés à cette essence particulièrement homogène et uniforme, presque ennuyeuse...
Bois présentant la particularité de ne pas faire d'écharde, il est en revanche très apprécié des insectes xylophages qui s'en régalent.

Les années suivantes ne présentent pas de courant particulièrement novateur, tout juste peut- on observer le développement de la planchette (parquet mince sans emboîtage), du parquet mosaïque (ou damier).
Le parquet dans les constructions neuves se réserve essentiellement aux chambres, les esthètes de cette époque ayant eu la curieuse idée de faire déborder les matériaux des parties communes (hall d'entrée, paliers d'étages) vers l’intérieur des pièces de vie des appartements...

Cependant, depuis les années 80 se sont développées de nouvelles colles, polyuréthanes puis MS polymères, qui ont permis la pose de parquets sur presque toutes les surfaces, prenant le pas sur les poses clouées ou sur lit de sable.
Cette période a été marquée également par l’avènement des essences exotiques, aux couleurs vives, le padouk (rouge sang), le wengé (noir), le merbau (brun-rouge-orange), ou le teck (miel).
J'ai ainsi vu dans une grande surface de bricolage du parquet en teck provenant d’Amérique du sud alors que ce bois ne se trouve qu'en Asie ou en Afrique.
Mais depuis qu'on fait du Cabernet-Sauvignon en Amérique, plus rien ne m'étonne...


Alexandre Azzi 
     Votre Parqueteur

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